L'ours des montagnes jurassiennes...

Drôle de personnage que ce barde réservé, discret et pourtant si attachant qui vit là-bas, quelque part dans les montagnes, distillant de drôles de mots, de drôles de mélodies, berçant quelques vies. Voici donc quelques textes....

 Les dingues et les paumés

Les dingues et les paumés jouent avec leur manies
Dans leus chambres blindées leurs fleurs sont carnivores
Et quand leurs monstres crient trop près de la sortie
Ils accouchent de scorpions et pleurent des mandragores
Et leurs aéroports se transforment en bunkers
A quatre heures du matin derrière un téléphone
Quand leurs voix qui s'appellent se changent en révolvers
Et s'invitent à calter en se gueulant "come on".
 
Les dingues et les paumés se cherchent sous la pluie
Et se font boire le sang de leurs visions perdues
Et dans leurs yeux mescal masquant leur nostalgie
Ils voient se dérouler la fin d'une inconnue
Ils voient des rois fantômes sur des flippers en ruine
Crachant l'amour folie de leurs nuits métropoles
Il croit voir venir Dieu, ils relisent Höderlin
Et retombent dans leurs bras glacés de baby doll.
 
Les dingues et les paumés se trainent chez les Borgia
Suivis d'un vieil écho jouant du rock'n'roll
Puis s'enfoncent comme des rats dans leurs banlieues by night
Essayant d'accrocher un regard à leur khôl
Et lorsque leurs tumbas jouent à guichet fermé
Ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins
Et sont comme les joueurs courant décapités
Ramasser leurs jetons chez les dealers du coin.
 
Les dingues et les paumés s'arrachent leur placenta
Et se greffent un pavé à la place du cerveau
Puis s'offrent des mygales au bout d'un bazooka
En se faisant danser jusqu'au dernier mambo
Ce sont des loups frileux aux bras d'une autre mort
Pietinant dans la boue les dernières fleurs du mal
Ils ont cru s'enivrer des chants de Maldoror
Et maintenant, ils s'écroulent dans leur ombre animale.
 
Les dingues et les paumés sacrifient Don Quichotte
Sur l'autel enfumé de leurs fibres nerveuses
Puis ils disent à leur reine en riant du boycott
La solitude n'est plus une maladie honteuse
Reprend tes walkiries pour tes valseurs masos
Mon cheval écorché m'attend au fond d'un bar
Et cet ange qui me gueule : "Viens chez moi, mon salaud".
M'invite à faire danser l'aiguille de mon radar.
 

 

Ad orgasmum aeternum


dans une citè X y'a une barmaid
qui lave mon linge entre deux raids
si un jour elle apprend mon tilt
au bout d'un flipp tourné trop vite
je veux pas qu'on lui renvoie mes scores
ni la loterie ni mon passeport
mais je veux qu'on lui rende son laser
avec mes cendres et mes poussières
& j'aimerais qu'elle tire la chasse d'eau
pour que mes tripes et mon cerveau
enfin redevenus lumière
retournent baiser vers la mer

je r'viendrai comme un vieux junkie
m'écrouler dans ton alchimie
délirium visions chromatiques
amour no-limit éthylique
je r'viendrai comme un vieux paria
me déchirer dans ton karma
retrouver nos mains androgynes
dans ta zone couleur benzédrine

je r'viendrai fixer ta chaleur
dans la chambre au ventilateur
où tes ombres sucent les paumés
entre deux caisses de S.T.P.
je r'viendrai te lécher les glandes
dans la tendresse d'un no man's land
et te jouer de l'harmonica
sur un décapsuleur coma

je r'viendrai jouir sous ton volcan
battre nos cartes avec le vent
je r'viendrai taxer ta mémoire
dans la nuit du dernier espoir
je r'viendrai chercher notre enfance
assassinée par la démence
et lui coller des lunettes noires
le blues est au fond du couloir (bis)

je reviendrai narguer tes dieux
déguisé en voleur de feu
et crever d'un dernier amour
le foie bouffé par tes vautours

 

Exil sur planète fantôme

En ce temps-là nos fleurs vendaient leur viande aux chiens
Et nous habitions tous de sordides tripots
Avec déséguillages pour nos petits matins
Quand le beau macadam nous traitais de salauds
Nous traitait de salauds
 
Nous vivions nos vertiges dans des vibrations folles
Et gerbions nos enzymes en nous gueulant : moteur!
Mais entre deux voyages/entre deux verres d'alcool
Nous n'avions pas le temps de décompter nos heures
De décompter nos heures
 
Nous étions les danseurs d'un monde à l'agonie
En même temps que fantômes conscients d'être morts-nés
Nous étions fossoyeurs d'un monde à l'agonie
 
En ce temps-là le rien s'appelait quotidien
Et nous allions pointer dans les jobs interdits
Dans les musiques blèmes/dans les sombres parfums
Dans les dédales obscurs où plane la folie
Où plane la folie
 
Et nous avions des gueules à briser les miroirs
A ne montrer nos yeux que dans le contre-jour
Mais entre deux délires/entre deux idées noires
nous étions les plus beaux/nous vivions à rebours
Nous vivions à rebours
 
Nous étions les danseurs d'un monde à l'agonie
En même temps que fantômes conscients d'être morts-nés
Nous étions fossoyeurs d'un monde à l'agonie
 
En ce temps-là les gens s'appelaient citoyens
Nous, nous étions mutants/nous étions androgynes
Aujourd'hui la tempête a lynché mes copains
Et je suis le dernier à rater mon suicide A rater mon suicide
 
Mais je veux vivre encore plus ivre de cramé
Je veux ronger le mal jusque dans ses recoins
J'ai trainé mes vingt siècles d'inutilité
Je n'ai plus rien à perdre/mais j'en veux pour ma fin
Mais j'en veux pour ma faim

  Crépuscule transfert


dans la clarté morne et glaciale
díun ténébreux soleil díhiver
tu te blottis comme un animal
sous les tôles rouillées díune chrysler
entre une laverie automatique
en train de cramer et un bunker
yía plus grand chose de magnétique
sur la bande son de ton flipper

les gens tristement quotidiens
dans leur normalité baveuse
traînent leur futur díeuro pingouins
au bout díleurs graisses albumineuse
et toi tu ne sais plus ou aller
de cul de sac en voie sans issue
tías juste appris à éviter
les snippers et les tirs díobus

líhorreur est humaine clinique et banale
enfant de la haine, enfant de la peur
lîhorreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine que ta joie demeure!

sous les regards torves et nighteux
des cyborgs aux circuits moisis
les cerveaux devenus poreux
síen retournent à la barbarie
et tu traînes tes tendres années
díincertitudes et díimpuissance
parfois tu rêves de tíenvoler
de mourir par inadvertance

líhorreur est humaine clinique et banale
enfant de la haine, enfant de la peur
lîhorreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine que ta joie demeure!

dans les dédales vertigineux
et séculaires de ta mémoire
tu froisses un vieux cahier poreux
plein de formules díalgèbre noires
a quoi peut ressembler ton spleen
ton désespoir et ton chagrin
vus díune des étoiles anonymes
de la constellation du chien


líhorreur est humaine clinique et banale
enfant de la haine, enfant de la peur
lîhorreur est humaine, médico-légale
enfant de la haine que ta joie demeure!

Chez Flo / La tentation du bonheur /
Le bonheur de la tentation /